Carte géolocalisée du métro de Paris

Mise à jour : La carte a recontré un succès fou et été partagée sur de nombreux sites. Elle a notamment été reprise dans le livre « Les cartes en questions », de Juliette Morel, aux éditions Autrement.

Ça faisait longtemps que je voulais la finir, et le lancement d'un concours de création de carte libre du métro de Paris par Check My Metro aura été l'occasion de s'y mettre pour de bon.

Un plan de métro sur fond sombre.

Outre le fait d'être particulièrement jolie, cette carte a plusieurs caractéristiques particulièrement cool qui vont plus loin que le simple esthétisme :

  • chaque station est placée à sa position géographique réelle,
  • la palette de couleurs a été conçue avec soin pour être la plus agréable à lire par un être humain, sur fond clair comme sur fond sombre,
  • elle est utilisable par les daltoniens,
  • elle est dans un format vectoriel ouvert, dédié au web,
  • aucun élément graphique ne pose de problème de droit d'auteur.

Avantages

Géolocalisation

Contrairement au plan de la RATP (et à la plupart des autres plans), chaque station est placée à sa position géographique réelle. Cela permet d'éviter de prendre une correspondance ou une station supplémentaire là où un peu de marche à pieds vous aurait permis d'aller plus vite.

Par exemple, étant sur le RER B (ligne bleue), vous pourriez être tenté de prendre la correspondance de la ligne 4 (violet) à Saint-Michel pour rallier Cité... Un extrait du plan de métro de la RATP, centré sur Saint-Michel. ... alors que vous iriez bien plus vite à pieds ! Un extrait du plan de métro, centré sur Saint-Michel.

Des petits ajustements d'ordres esthétiques ont été fait sur certaines positions de stations, pour les aligner, là où un petit déplacement ne modifiait pas l'information.

Par exemple, la boucle de la ligne 7bis a été légèrement ajustée pour former un cercle parfait: Un extrait du plan, montrant la boucle terminale da la ligne 7bis.

Le positionnement absolu permet également de se rendre compte du placement des zones, pour le RER, (parfois absentes des cartes RATP).

Il peut être intéressant de savoir que si vous souhaitez aller à l'université de Créteil, le métro 8 vous y amènera pour le prix d'un billet en zone 1, alors que le RER D vous coûtera le prix de la zone 3... Plan montrant des zones très invaginées. ... ce qui n’apparaît pas sur le plan RATP ! Plan ne montrant pas de zones.

La géolocalisation permet également de rendre compte des distances au sein d'une correspondance. Quand la distance entre les quais d'une même correspondance est inférieure à la taille du plot, un seul cercle est dessiné, mais quand les quais sont physiquement assez distants au sein d'une même station, ou quand la correspondance se fait entre deux stations proches, deux cercles sont dessinés. C'est particulièrement flagrant dans le cas de la station Montparnasse-Bienvenüe. Seule exception à cette règle : La Défense, qui est une seule station avec des quais proches, mais dessinés en deux plots, du fait de la différence de zone entre le métro et le RER (un piège à touristes bien connu).

La station Montparnasse-Bienvenüe est présentée comme une simple correspondance par la RATP... Plan RATP centré sur Montparnasse. ... alors que pour passer des lignes 4/12 à 6/13, vous avez des longs couloirs à emprunter. Plan centré sur Montparnasse.

Couleurs

La palette de couleurs n'a pas été uniquement choisie pour des raisons esthétiques, elle a été conçue avec soin par Ethan Schoonover pour garantir :

  • un contraste proche de ce que vous avez l'habitude de lire (typiquement, un livre à l'ombre et pas un magazine en plein soleil),
  • des contrastes entre les teintes qui demeurent identiques sur fond sombre comme sur fond clair : Il est possible de passer de l'un à l'autre tout en gardant la même perception des contrastes de luminosités. Chaque mode est équivalent d'un point de vue lisibilité.
  • des tons de gris avec des différences de luminosités symétriques (en CIE Lab).
  • des tons colorés complémentaires avec des luminosités perçues comme équivalentes, légèrement ajustés pour rester esthétiques

La couleur de fond de la carte peut être passée du clair au foncé sans perte de contraste ou de perception de luminosité des couleurs, grâce à la palette "Solarized", ce qui est idéal pour une lecture optimale sur écran, en toute circonstance.

Elle est utilisable par des personnes atteintes de troubles de la perception des couleurs (daltonisme) : des marqueurs sont disposés sur les stations de correspondances, pour permettre de suivre le parcours des lignes, même sans percevoir les différences de couleurs. Pour éviter de trop surcharger visuellement, les correspondances où les lignes se croisent sans ambiguïté n'ont pas de marqueurs.

Des marqueurs permettent de suivre le tracés des lignes lors des passages par des stations de correspondances: Extrait du plan montrant des marqueurs sur les lignes.

Le jeu de couleurs des lignes est différent de celui de la RATP (qui revendique parfois des droits d'auteurs farfelus), mais les couleurs de la palette les plus proches des originales ont tout de même été choisies (sauf pour la ligne 12, pour des raisons de lisibilités).

L'intégralité de la carte sur fond clair, à comparer avec la version sur fond sombre présentée en début d'article: Le plan de métro, version claire.

Format

Elle est dans un format vectoriel, c'est à dire que chaque élément est un objet graphique affichable à n'importe quel résolution et modifiable facilement.

Ce format est le SVG, un dialecte de XML standardisé par et pour le web, ce qui veut dire que vous pouvez l'afficher directement dans la plupart des navigateurs web modernes, que les technologies du web (javascript, css, etc.) peuvent servir à le manipuler (changer les couleurs en fonction du déplacement de la souris, par exemple) et que vous avez la garantie lire le fichier avec différentes applications, sans que l'on vous en impose une.

L'emploi du XML permet également d'extraire automatiquement des informations du fichiers, à partir d'un programme informatique, de manière beaucoup plus simple qu'avec une simple image. Des informations sémantiques sont notamment présentes dans le fichier, sans forcément être apparentes graphiquement, comme une organisation des objets par types (bien qu'il y ait encore du progrès à faire de ce coté à l'heure où j'écris cet article).

J'ai utilisé le fameux éditeur « inkscape », comme il s'agit d'un (excellent) logiciel libre et gratuit, vous pouvez très facilement l'utiliser vous même pour améliorer la carte.

Divers

Les polices utilisées sont « Liberation Sans » (noms des stations) et « FreeSans » (macarons des lignes), garanties comme étant utilisables librement dans un document.

La limite de Paris intra-muros est indiquée, sans les bois de Vincennes et de Boulogne, ce qui est toujours pratique pour se positionner.

Les stations « portes ... » sont intra-muros, mais pas Liberté: Extrait du plan de métro.

Le tracé des lignes suit (autant que possible) des courbes en arc de cercle, plus élégantes que des courbes de Bézier standard (effet « spirographique » sous inkscape) et plus faciles à suivre. Exemple de courbure spirographique: Des lignes courbes.

Les correspondances avec les stations de tram sont indiquées par des carrés et non des cercles, mais faute d'avoir leurs coordonnées géographiques, les stations ne sont pas reportées: Extrait montrant des carrés sur des lignes.

Inconvénients

La géolocalisation impose des contraintes de densités qui peuvent rendre certaines parties de la carte plus difficile à lire que d'autres (le quartier de Saint-Lazare, notamment): C'est le bazar à Saint Lazare.

La palette de couleurs ne disposant que de 8 couleurs alors que le réseau a une vingtaine de lignes, il y a des redondances. J'ai tenté de minimiser la gène occasionnée en éloignant au maximum les lignes de même couleurs, mais certaines correspondances restent monochromes (par exemple Montparnasse sud).

Sources

Les positions géographiques des stations ont été initialement mises à disposition par « Metropolitan », pour wikipédia : Paris_Metro_map.gif

Carte qui a ensuite été vectorisée par « Pmx » : Paris_Metro_map.svg

Les deux cartes sont disponibles dans le domaine public. Au passage, vous remarquerez tout l'intérêt de placer vos créations, même à moitié terminées ou apparemment inutiles, sur Wikimédia Commons : il y a une chance qu'elles servent à quelqu'un d'autre !

Ont également participés : Poulpy (pour avoir mis le fichier original sur Commons), Gonioul (tracé de la Seine), Otourly (une petite mise à jour), Greenski (mise en calques), Claire Laudy (consultance parisienne et pinaillages esthétique) et Simon Fossier (avis sur les tracés spiro).

Pour les amateurs de bidouille, si vous voulez l'historique des modifications ainsi que d'autres versions, vous pouvez également consulter et/ou forker le dépôt GIT que j'utilise : geometromap.

Pour l'heure, cette carte est diffusée sous licence « Creative Commons, Attribution, Partage à l'identique ».

Fichier SVG source

2011-11-04